lundi 13 mai 2013

De le recherche éthique avec les cellules souches embryonnaires… de souris

 
Comment faire progresser la recherche en combinant l’homme, la souris, les cellules souches embryonnaires et les cellules iPS de façon parfaitement éthique ? La preuve par des équipes de Harvard, Yale et Boston.

En hommage à FG

La revue Cell Stem Cell a publié le mois dernier un brillant exemple de recherche à base de cellules souches embryonnaires de souris et de cellules iPS humaines. Le but était d’identifier un possible nouveau traitement pour la sclérose latérale amyotrophique (SLA), également connue sous le nom de maladie de Charcot ou maladie de Lou Gherig, une maladie rare touchant une personne sur 25 000 environ. Cette maladie entraine la dégénérescence des neurones moteurs et aucun médicament n’a à ce jour prouvé une réelle efficacité ; seule le riluzole permet de retarder la mort du patient de deux à trois mois. Deux molécules prometteuses (olesoxime et dexpramipexole) ont récemment échoué à dépasser le stade des essais cliniques de phase III. L’espérance de vie étant d’environ trois ans lorsque l’ALS est diagnostiquée, il est important de trouver de meilleurs traitements.

Des cellules souches embryonnaires de souris
Pour identifier de nouvelles molécules les chercheurs ont d’abord utilisé des cellules souches embryonnaires (CSE) de souris porteuses ou non d’une mutation induisant cette maladie. Ils ont ensuite induit la différenciation de ces CSE de souris en neurones moteurs. Puis ils ont testé des milliers de molécules afin d’identifier celles qui pourraient permettre une meilleure survie des deux types de neurones, afin de ne pas affecter les neurones encore intacts chez un patient tout en améliorant la survie des neurones malades. C’est ainsi qu’ils ont isolé une molécule appelée kenpaullone.

De neurones moteurs de la souris à ceux de l’homme
Afin de passer de la souris à l’homme les chercheurs ont ensuite exploité la technologie des cellules iPS en reprogrammant des cellules issues de deux patients atteints de SLA. En testant en parallèle la nouvelle molécule identifiée et les deux autres n’ayant pas passé la barre des essais cliniques ils ont pu démontré que le kenpaullone avait un effet bénéfique largement supérieur à celui de l’olesoxime alors que le dexpramipexole n’avait aucun effet. Pour être impartial il faut ajouter qu’ils ont également testé une lignée de CSE humaines où le même résultat a été obtenu, mais on voit mal ce que cela apporte par rapport aux cellules iPS issues de patients.

Ce qu’il reste à faire et ce qu’il faut retenir
Si ce travail est très prometteur, le kenpaullone n’a prouvé son efficacité que sur des cellules en culture à ce stade. Et avant de passer à des essais cliniques il faudra d’abord modifier la molécule pour la rendre plus efficace et capable d’atteindre les neurones moteurs.
Il n’en reste pas moins que la démarche utilisée par ces chercheurs est un très bel exemple de ce qu’on peut faire sans avoir recours à des CSE humaines (si l’on oublie la seule expérience mentionnée mais loin d’être indispensable). Et l’adoption de ce type de protocole aurait ans doute permis d’éviter les très coûteux essais cliniques effectués pour le olesoxime et le dexpramipexole qui sont allés jusqu’en phase III.

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