dimanche 22 août 2010

*** Reprogrammation par l'environnement cellulaire

Une fois n'est pas coutume, je me contenterai de vous inviter à lire un compte-rendu paru dans Le Monde sur cette découverte qui démontre que des cellules du thymus peuvent être transformées en cellules souches de la peau sans aucun cocktail de gènes, simplement en les transplantant. Cette découverte n'a sans doute pas d'application thérapeutique directe, mais elle souligne une fois de plus la grande plasticité des cellules. Surtout elle montre qu'on peut transformer des cellules souches en un autre type de cellules souches sans modifier leur patrimoine génétique, contrairement à ce qui est fait pour les cellules iPS ou iN ou les récemment publiées cellules iCM (voir billet précédent).
Petite précision : si Yann Barrandon travaille en Suisse, il est français.

" Des chercheurs suisses et britanniques ont produit de la peau en transformant, sans manipuler leurs gènes, des cellules souches provenant du thymus de rat. Dans un article publié mercredi 18 août dans la revue Nature, l'équipe du professeur Yann Barrandon (Ecole polytechnique fédérale et CHU de Lausanne) rapporte y être parvenue en plaçant des cellules thymiques dans un micro-environnement de cellules cutanées (...)
Le thymus joue un rôle majeur dans la construction des défenses immunitaires, à partir de ses cellules épithéliales. Ces dernières sont organisées en un réseau tridimensionnel complexe, sensiblement différent des épithéliums classiques, comme celui de la peau. L'équipe helvéto-britannique a d'abord mis en culture des cellules thymiques épithéliales de rat. Puis elle a transplanté ces cellules chez un rat dans de la peau en développement.
Les cellules thymiques se sont alors transformées de manière irréversible en cellules cutanées, sans qu'il ait été nécessaire d'introduire des gènes contrôlant le destin cellulaire. Cette dernière technique, développée par le Japonais Shinya Yamanaka, est employée pour produire des cellules souches en reprogrammant des cellules adultes (cellules à pluripotence induite dites "iPS"). Mais elle a l'inconvénient de risquer d'induire des tumeurs - un risque qu'il faudra aussi évaluer dans la méthode de l'équipe helvéto-britannique.
Dans l'étude de cette dernière, la transformation des cellules thymiques en cellules de peau résulte de la seule action de l'environnement dans lequel elles ont été placées. Cette transplantation a provoqué d'importants changements dans l'expression des gènes des cellules thymiques.
Les cellules cutanées ainsi obtenues ont de nouveau été mise en culture puis transplantées chez un rat où elles ont effectivement produit une peau normale, avec des cellules épidermiques, des follicules pileux et des glandes sébacées (...)
L'une des questions soulevées par ce travail est de savoir si les cellules épithéliales du thymus pourraient être orientées différemment dans un environnement autre que celui de cellules de peau."

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