mardi 24 novembre 2009

Les basiques de la thérapie cellulaire - 1) Le principe

La thérapie cellulaire consiste à remplacer des cellules perdues ou abîmées dans un tissu. Par opposition la thérapie génique consiste à remplacer un gène défectueux à l'intérieur d'une cellule, sans changer celle-ci. La greffe de peau est une thérapie cellulaire : on va prendre de la peau quelque part sur le corps du patient brûlé, faire en sorte que les cellules se multiplient et forment une nouvelle couche de peau, et la poser sur la brûlure. Une autre thérapie cellulaire est tout simplement la transfusion sanguine où un patient va recevoir le sang d'une autre personne. Ou bien la greffe de moelle osseuse qui va permettre de reconstituer le patrimoine de cellules dites "hématopoïétiques" qui génèrent toutes les cellules du sang, globules rouges, globules blancs et plaquettes.
On distingue à travers ces exemples les greffes autologues (greffe de peau qui vient du patient brûlé ou auto-transfusion sanguine pour une opération) des greffes allogènes où les cellules transplantées viennent d'une autre personne.
Les progrès des dix dernières années sont très importants. On sait isoler des cellules, les trier rapidement, sélectionner celles qui nous intéressent, les multiplier en culture cellulaire, etc. On apprend par ailleurs à identifier les cellules souches adultes : il semble que tous les tissus ou presque en aient. Il suffirait donc en théorie d'en prélever quelques-unes pour reconstituer un type cellulaire. On a appris à utiliser les cellules du sang de cordon. Et en se rapprochant de la cellule totipotente qu'est la première cellule issue de la fécondation, on sait maintenant isoler des lignées de cellules souches embryonnaires. On pourrait donc en théorie reconstituer n'importe quel tissu à partir de ces cellules multipotentes.

Les problèmes

En théorie, on peut aujourd'hui tout envisager. En pratique on en est encore loin bien sûr. Tout d'abord il y a le problème de la compatibilité entre les cellules de différentes personnes. Pour le résoudre, il y a les perspectives ouvertes par la reprogrammation des cellules adultes en cellules souches induites (cellules iPS) qui permettraient de ne faire que des greffes autologues. Mais si on veut guérir une maladie génétique de cette façon, il faut associer la thérapie cellulaire à la thérapie génique ; c'est ce qui a été fait pour guérir les "enfants bulles" qui ont un système immunitaire totalement déficient.
Obtenir les bonnes cellules : c'est le principal problème à l'heure actuelle. On sait reprogrammer des cellules différenciées en cellules souches, mais on sait moins bien induire leur différenciation en un type cellulaire donné. Et c'est beaucoup plus difficile. En effet dans un cas une poignée de gènes actifs sont suffisant pour reprogrammer des cellules très différentes. Mais pour re-différencier, il faut allumer ou éteindre des gènes différents pour chaque type cellulaire à produire. Moins la cellule d'origine est différenciée, plus il est difficile de la guider vers une voie alors que ces centaines d'autres sont possibles. Au contraire plus elle est spécialisée plus ce sera facile car le nombre d'options sera plus restreint ; par exemple avec des cellules souches de la peau on ne fera que de la peau. Il n’est donc pas sûr que les cellules souches embryonnaires ou les cellules iPS soient les meilleures cellules pour la thérapie cellulaire. Apprendre à reconnaître et prélever quelques cellules souches adultes d’un tissu pour le reconstituer est une autre possibilité.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,
désolée, ce n'est pas un commentaire, mais je ne sais comment vous envoyer un message autrement.

Pouvez-vous nous faire un petit commentaire sur la récente publication de M. Péchanski concernant les cellules embryonnaires (de souris si j'ai bien compris).
Est-ce que cela remet en cause le constat que la recherche sur l'embryon n'offre pas de perspective thérapeutique sinon à long terme?
Merci d'avance
AM

Anonyme a dit…

Quelle bonne idée ! Merci pour les nuls !
Pourra-t-on poser des questions quand on aura pas compris le cours ?

Albert Barrois a dit…

Bien sûr qu'on peut me poser des questions comme l'a fait AM (en espérant que j'y ai répondu !). J'ai ajouté un lien tout en haut de la colonne de droite qui donne accès à mon email. Je répondrai aux questions en privé ou au travers de ce blog.