mercredi 1 avril 2009

Edward C. Green récidive

Le 29 mars, Edward Green a publié une colonne dans le Washington Post intitulée : "Le Pape pourrait avoir raison".
"(...) Yet, in truth, current empirical evidence supports him.
We liberals who work in the fields of global HIV/AIDS and family planning take terrible professional risks if we side with the pope on a divisive topic such as this. The condom has become a symbol of freedom and -- along with contraception -- female emancipation, so those who question condom orthodoxy are accused of being against these causes. My comments are only about the question of condoms working to stem the spread of AIDS in Africa's generalized epidemics -- nowhere else"
[Cependant, en réalité, les évidences empiriques actuelles vont dans son sens. Nous autres libéraux travaillant dans le domaine du VIH/SIDA et du planning familial prenons un risque professionnel terrible si nous choisissons le camp du Pape sur un sujet aussi controversé que celui là. Le préservatif est devenu un symbole de liberté et - comme la contraception - d'émancipation de la femme, donc ceux qui questionnent l'orthodoxie du préservatif sont accusés d'être contre ces causes. Mes commentaires ne concernent que la question de savoir si les préservatifs marchent pour stopper la propagation du SIDA dans le contexte d'épidémie généralisée en Afrique, et rien d'autre."

Il rappelle ensuite que plusieurs études parues dans Science, The Lancet, et le British Medical Journal depuis 2003 "have confirmed that condoms have not worked as a primary intervention in the population-wide epidemics of Africa." [ont confirmé que les préservatifs ne marchent pas comme principal moyen d'intervention dans les épidémies touchant des populations entières en Afrique]. Il admet volontiers que cela a marché en Thaïlande et au Cambodge, dans des pays où le VIH était disséminé essentiellement par la prostitution. Donc en théorie cela devrait marcher partout. Mais ce n'est pas le cas en Afrique.

La première explication est le phénomène de compensation du risque (voir ici). La seconde vient de ce que l'épidémie touche tout le monde, pas seulement les populations à risque comme les homosexuels, les prostituées ou les drogués : or trop de personnes ont des relations avec plus d'un partenaire dans l'espace d'une année, comme c'est le cas pour 43% des hommes au Botswana où le taux de prévalence du VIH était de 23,9 % en 2007 ("in significant proportions of African populations, people have two or more regular sex partners who overlap in time. In Botswana, which has one of the world's highest HIV rates, 43 percent of men and 17 percent of women surveyed had two or more regular sex partners in the previous year"). Ceci crée des réseaux d'interconnection entre personnes qui couvrent toute la population, comme le démontre aussi Helen Epstein (ici).

"So what has worked in Africa? Strategies that break up these multiple and concurrent sexual networks -- or, in plain language, faithful mutual monogamy or at least reduction in numbers of partners, especially concurrent ones."
["Donc qu'est-ce qui a marché en Afrique ? Les stratégies visant à casser ces réseaux sexuels multiples et interconnectés - ou en langage plus simple, la monogamie mutuellement fidèle, ou au moins une réduction du nombre de partenaires, surtouts s'ils sont simultanés."]
Green rappelle ensuite les résultats obtenus en Ouganda, et les campagnes similaires récemment lancées au Botswana et au Swaziland (26.1% d'infection par le VIH en 2007).

Puis Green affirme qu'il n'est pas anti-préservatifs, que ceux-ci devraient toujours être disponibles et utilisés comme une stratégie de secours pour ceux qui ne peuvent pas être mutuellement fidèles ("Don't misunderstand me; I am not anti-condom. All people should have full access to condoms, and condoms should always be a backup strategy for those who will not or cannot remain in a mutually faithful relationship"). Mais la première priorité devrait être la fidélité ("the first priority should be to promote mutual fidelity").

Et de conclure : "Surely it's time to start providing more evidence-based AIDS prevention in Africa." [Sûrement, il est temps de commencer à baser la prévention du SIDA en Afrique sur des faits plus avérés].

1 commentaire:

noel a dit…

La dernière étude de Green (+ collègues) sur la pandémie est présentée sur libertepolitique.com

http://www.libertepolitique.com/respect-de-la-vie/5240-la-fidelite-contre-le-sida-ce-qua-dit-harvard

Article argumenté, documenté et récent (début mars 2009)