samedi 7 mars 2009

De piggyBac en Cre/Lox : des cellules iPS humaines de plus en plus performantes

Ce titre barbare renvoie aux techniques récemment exploitées pour reprogrammer des cellules différenciées en cellules souches induites (cellules iPS) tout en se débarrassant ensuite des facteurs utilisés pour la reprogrammation.
Je vous ai parlé lundi d'articles parus dans Nature, et je signalais un regret : les auteurs n'avaient reprogrammé que des cellules embryonnaires, même si elles étaient différenciées. La technique utilisée appelée piggyBac faisait appel à un élément transposable. Une étude du laboratoire de Rudolph Jaenisch parue dans Cell va plus loin avec une autre méthode, celle du système Cre/Lox. Pour résumer, on intègre des gènes (ici ceux des facteurs de la reprogrammation) dans le génome des cellules à modifier ; après modification on fait s'exprimer une enzyme qui va exciser les gènes ajoutés. D'une façon ou d'une autre cela a le mérite d'éliminer tout risque dû aux facteurs utilisés pour la reprogrammation, dont les oncogènes c-Myc et Klf4.
Mais l'avancée majeure est ailleurs : cette fois-ci l'étude démontre la reprogrammation de cellules différenciées adultes, et non plus embryonnaires, et va encore plus loin en induisant la re-différenciation des cellules iPS générées pour obtenir des neurones dopaminergiques. Ces neurones sont précisément ceux qui sont atteints par la maladie de Parkinson, et les cellules de la peau venaient de 7 patients atteints par cette maladie et âgés de 53 à 85 ans ; pour chaque patient plusieurs lignées de cellules iPS ont été obtenues après reprogrammation par trois (Oct4, Sox2, Klf4) ou quatre facteurs (c-Myc en plus). On peut donc désormais créer des neurones modélisant parfaitement la maladie de Parkinson d'un patient donné. Et ça ne s'arrête pas là : Jaenisch et ses collègues ont démontré que les cellules iPS débarrassées des facteurs de reprogrammation sont plus proches des cellules souches embryonnaires que ne le sont les cellules iPS encore porteuses de ces facteurs ; le critère utilisé est le profil d'expression génétique des différents types cellulaires.
Pour résumer on a là un protocole efficace pour reprogrammer des cellules différenciées humaines chez des adultes de plus de 80 ans et ensuite supprimer les gènes introduits pour les reprogrammer. Pouvoir faire cela en partant de patient atteints de maladies génétiques permettra d'établir des lignées cellulaires reproduisant exactement ces mutations génétiques et donc de tester in vitro de nouvelles thérapies.

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