jeudi 8 janvier 2009

L'ARN qui se reproduit lui-même : création de la vie en laboratoire ?

Le monde fascinant de l'ARN l'est devenu encore plus. Un article publié aujourd'hui par la revue Science démontre pour la première fois la capacité de l'ARN à s'autorépliquer indéfiniment tout en mutant. On savait déjà que l'ARN pouvait stocker de l'information, tout comme l'ADN, et qu'il pouvait être un catalyseur, tout comme les enzymes protéiques (les ribozymes qui ont valu un prix Nobel de chimie à Altman et Cech en 1989). Ce qui manquait encore pour en faire une molécule vraiment unique, c'était une capacité à se multiplier sans fin. De plus, les auteurs de l'article démontrent que ces molécules peuvent muter et transmettre leurs mutations à leur descendance. En bref, on a la dernière pierre qui manquait à l'édifice du monde ARN primitif.
En effet de nombreux spécialistes de l'apparition de la vie sur terre considèrent que l'ARN est la molécule qui pourrait être à l'origine de tout. Comme je l'ai dit plus haut, elle a en effet de nombreuses caractéristiques du vivant : elle stocke une information et elle catalyse des réactions. On sait désormais qu'elle peut se multiplier de façon efficace tout en mutant. On a donc là un très bon candidat pour l'apparition du vivant. Cependant, ces molécules ne peuvent acquérir de nouvelles fonctions : elles peuvent juste s'auto-répliquer indéfiniment.

Future controverse ?
L'un des auteurs, Gerald Joyce, est cité dans un commentaire de Nature : "The goal here is to make life in the lab, and we have not achieved that, because the system does not within itself have the ability to present novel functions. But ultimately, that's where we want to go". ("Le but ici d'est de créer la vie en laboratoire, et nous n'avons pas fait cela car le système ne peut pas de lui-même acquérir de nouvelles fonctions. Mais c'est ce que nous voulons réaliser").
On a donc deux approches bien distinctes pour recréer la vie en laboratoire ; la première est celle de Geral Joyce qui cherche à mettre en place un système aussi simple que possible. L'autre est celle de Craig Venter qui voudrait directement créer une bactérie de toute pièce. Dans un cas comme dans l'autre on est encore loin de la "création de la vie en laboratoire". Cependant, on se rapproche inéluctablement d'un tel résultat. Certains nous objecteront que c'est philosophiquement impossible, et d'autres qu'on verra bien les scientifiques y arriver. Cela sera-t-il réalisé un jour ? Il est impossible de répondre par oui ou par non, mais le oui, encore impensable il y a 20 ans, devient envisageable...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Très intéressant.
je viens de chez Denis
je reviendrais

ARN
ADN

sont des sujets qui me préoccupent particulièrement (prof de SVT à la retraite depuis 2006)

Merci .

j'avais déjà commenté "ailleurs" sur la pilule .

Bien cordialement.

Albert Barrois a dit…

Merci pour votre commentaire qui m'encourage à continuer...